Paroles : Théophile Gautier
Cent mille poux de forte taille
Sur la motte ont livré bataille
A nombre égal de morpi-ons
Portant écus et mori-ons.
Transpercé malgré sa cuirasse
Faite d'une écaille de crasse,
Le Capitaine Morpi-on
Est tombé mort au bord du con.
En vain la foule désolée,
Pour lui dresser un mausolée
Pendant huit jours chercha son corps
L'abîme ne rend pas les morts !
Un soir, au bord de la ravine,
Ruisselant de foutre et d'urine,
On vit un fantôme tout nu
A cheval sur un poil de cul.
C'était l'ombre du Capitaine
Dont la carcasse de vers pleine
Par défaut d'inhumati-on
Sentait le marolle et l'arpion.
Devant cette ombre qui murmure,
Triste, faute de sépulture,
Tous les morpi-ons font serment
De lui él'ver un monument.
On l'a recouvert d'une toile
Où de l'honneur brille l'étoile
Comme au convoi d'un général
Ou d'un garde nati-onal.
Son cheval à pied l'accompagne ;
Quatre morpi-ons grands d'Espagne
La larme à l'oeil, l'écharpe au bras,
Tiennent les quatre coins du drap.
On lui bâtit un cénotaphe
Où l'on grava cette épitaphe ;
"Ci-git un morpi-on de coeur,
Mort vaillamment au champ d'honneur".