Le curé du Vésinet

Air : Le Roi d'Yvetot (Béranger)

Paroles : Achille Caron

 

Il était un curé charmant

Qu'adoraient ses ouailles ;

Il les traitait fort galamment,

Sans peur des représailles ;

De l'Eglise ce gros bonnet,

Plein d'onction, au Vésinet

Trônait.

 

Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !

Quel galant curé c'était là,

La, la !

 

L'histoire conte qu'il avait

Peu cure de la sienne

Mais que la nuit il y venait

Plus d'une paroissienne ;

Aimant fort les jolis minois,

Il n'était le fin matois,

De bois.

 

On dit qu'entre ses Te Deum

Même ce bon évêque

In partibus fidelium

Travaillait à la grecque,

Et que des filles aux garçons,

Il savait passer sans façons,

Passons !

 

Aux femmes de bonnes maisons,

Comme il avait su plaire,

Les gamins avaient cent raisons

De le nommer leur père ;

Dans ses faveurs et son amour,

Chacun avait chacun son tour,

Son jour.

 

Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !

Quel joli papa c'était là,

La, la !

 

Grâce à son amour du prochain,

Qui n'avait pas de bornes,

Tout le pays fut bientôt plein

Pleins de bêtes à cornes :

Il eut bien soin, ce beau grison,

D'en mettre une au moins par maison,

Zon, zon.

 

Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !

Quel galant curé c'était là,

La, la !

 

Non, je ne parviendrai jamais,

Mieux vaut que j'y renonce,

A compter tous les cocus faits

Par Monseigneur Alphonse :

Il allait, vrai coq du canton,

De Célimène à Margoton,

Dit-on.

 

Mais ce n'est pas un fait nouveau

Que tout passe et tout lasse

Et qu'à force d'aller à l'eau,

Toute cruche se casse ;

Et le voilà, pour le moment,

A l'ombre avec son instrument

Charmant.

 

Plus d'un a, dit-on, plaint le cu-

Ré de son aventure,

Et même est encor'convaincu

Que c'est une imposture ;

Mais plus d'une, aux tendres appas,

Le regrette, n'en doutez pas,

Tout bas !