Madeleine

 

Madeleine, à bon droit, passa

Pour une fille débordée,

En luxure elle dépassa

Toutes les Thaïs de Judée

De sa beauté, Jésus touché

Vous la tira, vous la tira,

Vous la tira de son péché

 

On voyait deux globes naissants

Palpiter sur un sein d'albâtre,

Des pieds, des bras, des yeux brillants,

Dont l'amour était idolâtre

Ses reins souples et vigoureux

Etaient d'un con, étaient d'un con,

Etaient d'un contour délicieux

 

La sainte cachait tant d'appâts

Sous une belle chevelure,

Qui, flottant et tombant en bas,

Descendait jusqu'à la ceinture

Mais pour qui ces trésors divins ?

Pour les gros vi, pour les gros vi,

Pour les gros vilains Philistins !

 

L'esprit immonde et tentateur

Fit choix de cet objet aimable,

Pour présenter au Créateur

L'appât d'un piège inévitable :

Jésus ne la vit pas plus tôt

Qu'il vous la fou, qu'il vous la fou,

Qu'il vous la foudroya d'un mot !

 

Par la vertu du Saint-Esprit,

Ce mot toucha la pécheresse

Son coeur sincèrement contrit

Du plaisir abjura l'ivresse

Et craignit depuis ce moment

L'ombre d'un cu, l'ombre d'un cu,

L'ombre d'un cupide galant

 

Sur sa gorge, un grand fichu noir

En cacha les globes d'ivoire

Du plus voluptueux boudoir,

Ell'fit un austère oratoire,

Son coeur, du monde détaché

Pleurait le vi, pleurait le vi,

Pleurait le vice et le péché

 

La sainte pleura tant et tant

Qu'elle acheva sa pénitence

Son esprit s'envoie à l'instant

Au Paradis sa récompense

Jésus touché de sa ferveur,

La met au com, la met au com,

La met au comble du bonheur

 

Si le Seigneur au rang des saints

Admet toutes les Madeleine,

Si le ciel propice aux putains

Fait grâce aux galantes fredaines,

Combien de dames de Paris

Iront par trou, iront par trou,

Iront par troupe au Paradis ?