Le légionnaire

 

Il est sur la terre africaine,

Un régiment dont les soldats, dont les soldats

Sont tous des gars qu'ont pas eu d'veine,

C'est la légion et nous voilà, et nous voilà !

Pour ce qui est d'la discipline,

Faut êtr'passé par Biribi par Biribi !

Avoir goûté de la praline,

Et travaillé du bistouri du bistouri

 

Et on s'en fout et après tout

Qu'est-ce que ça fout -out -out -out ?

En marchant sur la grand-route,

Souviens toi oui souviens toi ah ! ah ! ah !

Les anciens l'ont fait sans doute,

Avant toi oui avant toi, ah ! ah ! ah !

De Gabès à Tataouine,

De Tanger à Tombouctou,-ou-ou ou !

Sac au dos dans la poussière,

Marchons les légionnaires

 

J'ai vu mourir un pauvre gosse,

Un pauvre goss'de dix-huit ans, de dix-huit ans

Fauché par les balles féroces

Il est mort en criant maman, criant maman !

Je lui ai fermé les paupières,

Recueilli son dernier soupir, dernier soupir !

J'ai écrit à sa pauvre mère,

Qu'un légionnair', ça sait mourir, ça sait mourir

 

Et puisqu'on n'a jamais eu d'veine,

Pour sûr qu'un jour, on y crèv'ra, on y crèv'ra !

Sur cett'putain d'terre africaine,

Enterrés sous le sable chaud, le sable chaud !

Avec pour croix un'baïonnette

A l'endroit où l'on est tombé on est tombé !

Qui voulez-vous qui nous regrette,

Puisqu'on est tous des réprouvés, des réprouvés ?