De profundis morpionibus (2)

Paroles : Théophile Gautier

 

Cent mille poux de forte taille

Sur la motte ont livré bataille

A nombre égal de morpi-ons

Portant écus et mori-ons.

 

Transpercé malgré sa cuirasse

Faite d'une écaille de crasse,

Le Capitaine Morpi-on

Est tombé mort au bord du con.

 

En vain la foule désolée,

Pour lui dresser un mausolée

Pendant huit jours chercha son corps

L'abîme ne rend pas les morts !

 

Un soir, au bord de la ravine,

Ruisselant de foutre et d'urine,

On vit un fantôme tout nu

A cheval sur un poil de cul.

 

C'était l'ombre du Capitaine

Dont la carcasse de vers pleine

Par défaut d'inhumati-on

Sentait le marolle et l'arpion.

 

Devant cette ombre qui murmure,

Triste, faute de sépulture,

Tous les morpi-ons font serment

De lui él'ver un monument.

 

On l'a recouvert d'une toile

Où de l'honneur brille l'étoile

Comme au convoi d'un général

Ou d'un garde nati-onal.

 

Son cheval à pied l'accompagne ;

Quatre morpi-ons grands d'Espagne

La larme à l'oeil, l'écharpe au bras,

Tiennent les quatre coins du drap.

 

On lui bâtit un cénotaphe

Où l'on grava cette épitaphe ;

"Ci-git un morpi-on de coeur,

Mort vaillamment au champ d'honneur".