De profundis morpionibus (1)

 

O ! muse prête-moi ta lyre,

Afin qu'en vers je puisse dire

Un des combats les plus fameux,

Qui s'est déroulé sous les cieux.

 

De profundis morpionibus

Tra, la, la, la, la, la, la, la, la, la, la, la, la, Ah ! (bis)

 

Un jour de fêt'comm'saint'Thérèse,

A Saint'Gudul'chantait la messe

Elle sentit soudainement

Un énorme chatouillement.

 

Cent mille poux de forte taille

Sur la motte ont livré bataille

A nombre égal de morpi-ons

Portant écus et mori-ons.

 

Dans un bouzin de tous les diables,

Le choc fut si épouvantable

Qu'les femm's enceint's en accouchant

Chiaient d'la merde au lieu d'enfants.

 

La bataille fut gigantesque,

Tous les morpions mourur'nt ou presque

A l'exception des plus trapus

Qui s'accrochèr'nt aux poils du cul.

 

Le général, nouvel Enée,

Sortant des rangs de son armée,

A son rival, beau chevalier,

Propose un combat singulier.

 

C'est un général plein d'audace

Descendant de l'antique race

Des morpi-ons que Mars donna

A Vénus quand il la baisa.

 

Un morpi-on motocycliste,

Prenant la raie du cul pour piste

Dans un virage dérapa

Et dans la merde s'enlisa.

 

Monté sur une pair'd'échasses

Un vieux morpion que l'on pourchasse,

Sur une motte trébucha

Les yeux au ciel il expira.

 

Puis au plus fort de la bataille,

Soudain frappé par la mitraille

Le maréchal des morpi-ons

Tomba mort à l'entrée du con.

 

Un morpion de noble origine,

Qui revenait du bout d'la pine,

Levant sa lance s'écria :

"Le morpion meurt, mais n'se rend pas !"

 

Et ils bouchent toute la fente,

Que les morpions morts ensanglantent

Et la vallée du cul au con

Etait jonchée de morpi-ons.

 

Et pour reprendre l'avantage,

Les morpions luttaient avec rage ;

Mais leurs efforts fur'nt superflus,

Les poux gardèrent le dessus.

 

A cheval sur une roupette,

Tenant à la main sa lorgnette,

Le capitaine des morpions

Examinait les positions.

 

Soudain, voyant plier son aile,

Il dit à ses troupes fidèles :

"Ah ! mes amis ! Nous somm's foutus,

Piquons un'charge au fond du cul".

 

Transpercé malgré sa cuirasse

Faite d'une écaille de crasse,

Le Capitaine Morpi-on

Est tombé mort au bord du con.

 

En vain la foule désolée,

Pour lui dresser un mausolée

Pendant huit jours chercha son corps

L'abîme ne rend pas les morts !

 

Un soir, au bord de la ravine,

Ruisselant de foutre et d'urine,

On vit un fantôme tout nu

A cheval sur un poil de cul.

 

C'était l'ombre du Capitaine

Dont la carcasse de vers pleine

Par défaut d'inhumati-on

Sentait le marolle et l'arpion.

 

Devant cette ombre qui murmure,

Triste, faute de sépulture,

Tous les morpi-ons font serment

De lui él'ver un monument.

 

En vain l'on chercha sa dépouille

Sur la pine et sur les deux couilles :

On ne trouva qu'un bout de queue

Qu'un sabre avait coupé en deux.

 

On l'a recouvert d'une toile

Où de l'honneur brille l'étoile

Comme au convoi d'un général

Ou d'un garde nati-onal.

 

Son cheval à pied l'accompagne ;

Quatre morpi-ons grands d'Espagne

La larme à l'oeil, l'écharpe au bras,

Tiennent les quatre coins du drap.

 

On lui bâtit un cénotaphe

Où l'on grava cette épitaphe ;

"Ci-git un morpi-on de coeur,

Mort vaillamment au champ d'honneur".

 

Douze des plus jolies morpionnes

Portèr'nt en pleurant des couronnes

De fleurs blanch's et de poils du cul

Qu'avait tant aimé le vaincu.

 

Restés un peu plus en arrière,

Assis en rond sur leur derrière,

La crotte au cul, la larme à l'oeil,

Tous les morpions étaient en deuil.

 

Au bord du profond précipice,

On rangea les morpions novices

Ils défilèr'nt en escadrons

En faisant sonner leurs clairons.

 

Tandis que la foule en détresse,

Tout en pleurant disait la messe,

L'adversaire de l'onguent gris

Monta tout droit au paradis.

 

Sur une couill'grosse et velue,

On érigea une statue

Au capitaine des morpions,

Mort bravement au fond d'un con.

 

Et l'on en fit une relique

Que l'on mit dans un'basilique

Pour que les futurs bataillons

Sachent comment meurt un morpion.

 

Depuis ce jour, on voit dans l'ombre

A la porte d'un caveau sombre,

Quatre morpions de noir vêtus,

Montant la garde au trou du cul.

 

Depuis ce temps dans la vallée,

On entend des bruits de mêlée,

Les ombres des morpions vaincus

Hant'nt à jamais les poils du cul.

 

Et parfois par les soirs de brume,

Quand sur la terr'se lèv'la lune,

On voit les âmes des morpions

Voltiger sur les poils du con.

 

Récitatif :

Libere nos de morpionibus omnibus

Qui condamnant couillones,

Qui devorant et per omnia

Testiculos, testiculorum ! Amen !