Ce fut bien autre chose lorsque, vers le soir, ayant tourné la tête, il vit la lune grande comme l’hippodrome, qui s’avançait majestueusement dans l’espace avec le bruit lointain d’une bombe qui fend l’air, et présentant à ses regards d’immenses montagnes, de profondes vallées, des continents, des mers resplendissantes. Il reconnut que cet astre est composé d’une croûte métallique sans cesse renouvelée ; qu’au centre de cette coque extérieure bouillonnent sans cesse trente-six métaux en pleine fusion, lesquels venant à se faire un passage par le sommet des monts, découlent ensuite sur leur croupe en larmes brillantes qui se refroidissent à leur tour ; qu’ainsi les profondes vallées de cet astre forment comme d’immenses miroirs concaves, à l’instar de ceux avec lesquels Archimède brûla la flotte des Romains, et que ce sont ces miroirs qui, réfléchissant la lumière du soleil, éclairent nos nuits d’une douce lumière. Enfin, il s’assura que cette planète n’est pas habitée, contrairement à l’opinion de ce savant Allemand qui prétend y avoir distingué, avec sa lunette, un marquis valsant avec une douairière.
Du reste, le docteur Festus ne se débattait plus entre le rêve et la veille, bien convaincu que, dormant encore à l’hôtel du Lion d’Or, il était favorisé d’un rêve aussi unique qu’admirable.