Cependant l’astronome Guignard, qui habitait en Rondeterre (c’est un grand royaume insulaire au nord du Ginvernais), ayant mis l’œil au bout de son télescope, qui se trouvait être par hasard braqué sur le docteur Festus, crut apercevoir à l’autre bout un corps quelconque. Il pensa d’abord que c’était un mus œconomus qui s’était logé entre les lentilles de l’instrument, qu’il fit nettoyer à fond, et garnir de mort-aux-rats et de souricières. Il crut ensuite que c’était une cataracte qui commençait à se former sur son œil, d’où il prit des bains de soufre, et s’injecta les paupières d’acétate de morphine. Changeant ensuite de traitement, il se fit faire un emplâtre de graine de lin, et ne mangea plus que des œufs cuits dur. Après quoi, la tache durant toujours, il s’astreignit à un système purgatif gradué, doublant la dose chaque jour, jusqu’à ce qu’ayant diminué de soixante-deux livres (poids de seize), et faisant la réflexion toute naturelle que, si c’était une cataracte, elle affecterait tout aussi bien l’œil nu que l’œil armé, il cessa tout traitement, et se convainquit que c’était un nouveau corps céleste. Il procéda aussitôt aux observations, et ayant écrit un mémoire de trois coudées de long, il se rendit, son rouleau sous le bras, à la Société Royale, qu’il avait fait convoquer pour une communication importante.