IV

Le docteur ayant tiré son carnet et taillé son crayon, resta immobile pendant deux heures d’horloge. Il faisait un travail d’esprit, récapitulait tout ce qu’il avait vu ; ce qui le conduisit à réfléchir qu’au fait il n’avait rien vu que le poitrail de son mulet. Sur quoi, désireux pourtant d’avoir vu quelque chose dans un voyage de pure instruction, il prit sa bougie (il était 11 heures), et s’étant rendu auprès de l’hôte qui était assis dans la cuisine, il lui dit : Indiquez-moi, je vous prie, où sont les curiosités ?

L’hôte n’avait ni une intelligence supérieure, ni une ouïe très-fine, et de plus il sommeillait à moitié lorsque cette question parvint à son entendement, extrêmement altérée, à ce qu’il paraît ; car s’étant levé en sursaut : Vous montez, dit-il, cet escalier ; après quoi vous tournez sur la gauche, jusqu’au fond du corridor, et vous les avez là devant vous. Et il se remit à dormir au coin du feu.

Le docteur suivit l’indication prescrite, et arriva auprès d’une petite porte suspecte. Là, des miasmes alcalins, en frappant son odorat, irritèrent sa curiosité ; par malheur, à peine entr’ouvrait-il la porte, qu’un violent courant atmosphérique, tout chargé de particules odorantes, éteignit sa bougie, et le laissa dans une obscurité profonde. Il n’avait eu que le temps d’entrevoir trois illusions circulaires d’inégale grandeur, et ces deux vers charbonnés sur la muraille du fond :

Il n’y a que la canaille

Qui mette son nom sur les murailles.