V

C’est qu’en effet, depuis le départ du Maire et de la force armée, il s’était passé des choses affligeantes dans cette déplorable commune.

Les règlements avaient été enfreints, les bans levés, les bois communaux brûlés, et l’Hôtel-de-Ville mis en cabaret, où se buvait le vin communal. D’autre part, Louis Frelay avait chassé par les seigles sans permis, disant avoir le droit de tirer sur les moineaux ; d’où Claude Roset lui avait entamé le mollet de sa faucille, disant avoir le droit de couper son seigle ; sur quoi, Louis Frelay lui avait tiré son coup de petit plomb dans l’épaule, disant avoir le droit de décharger son fusil ; sur quoi, le garde-champêtre survenant leur avait pris à chacun leur bonnet, disant qu’il avait le droit de les mettre à l’amende ; sur quoi, les Roset et les Frelay étant accourus, avaient foulé le garde-champêtre, disant qu’ils avaient le droit de défendre leurs parents ; ce dont les autres de la commune s’étaient fâchés, disant qu’ils avaient le droit d’avoir un garde-champêtre qui ne fût pas foulé ; tant et tant que ceux du hameau de Bellecombe ayant pris parti, les uns pour les Roset, les autres pour les Frelay, il s’en suivit une roulée universelle dans ledit champ de seigle, au grand détriment de la récolte, qui promettait deux mille coupes, sans compter la paille.