D’après cette correspondance, les conjurés avaient enrôlé vingt-huit joueurs d’orgue de barbarie, lesquels jouant pendant huit jours et sept nuits consécutives devant la caserne du palais, devaient endormir la force armée. La force armée une fois ronflant, ils tombaient sur les autorités civiles, qu’ils mettaient toutes ficelées dans des balles de coton, lesquelles seraient dirigées aussitôt sur la douane. Là, des douaniers achetés, qui auraient l’air de s’assurer du contenu, les larderaient indignement, sous prétexte de remplir leurs fonctions. Les conjurés devaient ensuite attirer toute la police d’un côté, au moyen de pétards lancés dans les poches des citoyens paisibles qui se promenaient au jardin public, et, une fois attirée, ils fermaient les grilles. Alors vingt-quatre sonnaient le tocsin, douze mettaient le feu aux poudres, trente-deux affichaient des proclamations, cent dix ouvraient le pays aux Ginverniens, deux cent vingt proclamaient un gouvernement provisoire, trois mille se déguisaient en bons citoyens pour entrer dans la capitale, s’introduire au palais, jeter les ministres par la fenêtre, s’emparer de la personne du roi et lui offrir la constitution ou la mort. Voilà ce qu’on découvrit dans le carnet. Aussi, plusieurs membres de la commission eurent besoin d’éther et de boissons chaudes, pour pouvoir achever cette lecture.